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2de1 - Clôture en beauté du projet "D’ici et d’ailleurs, au-delà des frontières"
Article mis en ligne le 2 juin 2025

par Agnès Granjon, Blandine Valfort

Les élèves de 2de1 se sont rendus à Lyon le mardi 27 mai 2025, accompagnés de Mmes Chapuis, Ernoult et Valfort, pour la restitution du projet "D’ici et d’ailleurs, au-delà des frontières" auquel ils ont participé tout au long de l’année scolaire avec 4 autres établissements de l’académie.

Après une matinée avec l’artiste Grégory Bonnefont pour les répétitions, puis les filages et les raccords, nos élèves ont présenté leur spectacle Méditerranée, [l’a]mer exil à l’amphithéâtre culturel de l’Université Lyon 2, à Bron.

A partir de leur lecture du roman Eldorado de Laurent Gaudé, les élèves de la classe de 2nde 1 du lycée Albert Camus de Firminy ont écrit des textes, inspirés notamment du parcours de deux personnages du livre, Jamal et Soleiman. Ces deux frères s’apprêtent à quitter le Soudan au début du roman pour rejoindre l’Europe, mais seul Soleiman atteindra le territoire européen car Jamal, gravement malade, ne peut l’accompagner jusqu’au bout de cette aventure périlleuse.

Plus globalement, les élèves ont voulu mettre en valeur la force de cet eldorado intérieur, cette détermination, cet « éclat de volonté » qui animent les migrants traversant la Méditerranée en quête d’un avenir meilleur. Par une mise en voix des textes et une mise en scène chorégraphiée, ils ont voulu, à travers des mouvements collectifs, représenter l’énergie du départ, la douleur de l’exil, les difficultés rencontrées, les élans de solidarité. Cependant, de ces déplacements collectifs émergent progressivement des parcours individuels. Ainsi la masse apparemment vulnérable et indifférenciée des migrants cède la place à des individus, des destins riches et singuliers qui révèlent une grande force.

 Partie I : La lettre

Jamal, mon frère,

Cela fait un moment que nous nous sommes quittés et mes pensées sont sans cesse dirigées vers toi. Le monde est dangereux, mon frère, sache-le. Les nuits soudanaises me manquent, mais les nuits européennes me font rêver. À présent, et au moment où je t’écris cette lettre, j’ai franchi les barrières de Ceuta.
Je ne saurais décrire les sensations que j’ai ressenties lorsque je les ai franchies. Ce rêve n’était pas seulement le mien, c’était le nôtre. Mais la maladie t’a retenu et j’ai dû continuer seul. Pourtant, à chaque instant, tu étais avec moi. Ça a été un moment très compliqué, nous avons dû rester des heures allongés dans les herbes hautes, sans bouger, sans bruit. Il y avait la peur, la faim, la soif qui nous envahissaient, l’angoisse et l’incertitude aussi. Les doutes, les questions et les peurs fusaient. À ce moment-là, j’étais immobile, j’avais peur ; peur de ne pas réussir, peur d’avoir fait tout cela pour rien et peur de ne pas te rendre fier. Mais j’ai réussi Jamal.
Après tant d’efforts, après tant de nuits à lutter, j’ai enfin franchi les barrières de Ceuta. Mon corps est meurtri, mes muscles brûlent encore, mais je suis de l’autre côté... J’ai pensé à toi, à ce que tu m’as laissé, à ce collier de perles vertes qui a été mon seul réconfort, comme un espoir, une promesse.
Et puis, il était là, comme s’il m’attendait, assis contre un mur, au milieu du chaos du marché de Ghardaïa. Pour moi, c’était une évidence : il était l’ombre de Massambalo, le dieu des migrants. Il fallait que j’agisse.
Alors je me suis approché, je l’ai longuement regardé et j’ai posé ma question ; il n’a pas répondu, il a simplement hoché la tête, et j’ai su. Je croyais que je ne méritais pas ce voyage, jusqu’à ce que je croise son regard dans les rues bondées de cette ville d’Algérie. Son regard m’a traversé, il a vu en moi ce que moi-même je n’arrivais plus à trouver : l’envie d’y croire encore. Un nouveau souffle a fait surface, une nouvelle force m’a envahi, je n’ai plus hésité. L’ombre de Massambalo, il était comme un rêve éveillé.
Il ne m’a pas remercié, mais dans son silence, j’ai compris que ce geste avait du sens.Je lui ai confié notre histoire, je lui ai laissé un peu de nous avec ce collier de perles vertes. Mais il avait dans son regard quelque chose d’étrange, comme s’il cherchait, lui aussi, un chemin à travers l’exil. Je suis seul ici, à Ceuta, mais je sais que tu es avec moi, que tu veilles sur moi. Grâce à cela, à toi et à l’ombre qui me souteniez, j’ai réalisé ce rêve fou que nous avions. J’ai repensé à ce moment en franchissant les grilles. J’y croyais à moitié, mais aujourd’hui je me demande s’il n’a pas toujours été à mes côtés. La peur, la douleur, les cris, tout s’effaçait derrière cette certitude : je n’étais plus seul. Il était là dans mon esprit, dans chaque pas que je faisais. Il était une force. Mon frère, je suis vivant.
Après cette rencontre, je me suis promis de réussir et de traverser cette frontière, quoi qu’il en coûte. Et j’ai réussi, Jamal, j’ai réalisé notre rêve maintenant il vit à travers moi. Désormais, la Méditerranée ne me fait plus peur. Effectivement, à l’heure où je t’envoie cette lettre, je suis aux portes de la liberté de l’Europe. La traversée est proche et le plus dur est déjà derrière moi. Je lutterai chaque jour pour atteindre notre rêve. Sache que je pense à toi à chaque instant, et que tu me manques.

 Partie II : Les poèmes

Ton regard avait cette étincelle de vie que j’enviais
Cet éclat éblouissant qui ne s’en va jamais
Avec toi, tout était possible, tout pouvait se
réaliser
Tu avais soif d’ailleurs, de richesses et de joies
Et tes yeux étaient affamés, pleins de volonté
***
Des pupilles creusées par la faim, refus de plier
face au destin.
Le courage éclate et brille,
Chaque regard, un cri, un corps,
attirés par la lumière,
un rêve fou, un monde à faire
***
Le vent gifle leurs visages,
Mais leurs yeux, remplis de volonté,
Fixent l’horizon, brillants et fiers,
Comme des étoiles défiant la nuit,
Porteurs d’un espoir infini .
Dans leurs regards se lit
Une force qui ne plie pas,
Un éclat qui traverse l’ombre,
La dignité de ceux qui avancent.
Une lueur vive habite leurs yeux,
Même quand tout semble perdu.
Ils regardent droit devant,
Solides comme des chênes face aux tempêtes,
Portés par leur volonté.
Chaque pas est une promesse,
Chaque souffle un cri silencieux.
Leurs yeux brûlent d’une lumière,
Un chemin vers l’Eldorado.
Dans leurs yeux, un feu tremblant,
Une tempête, un océan,
Leur regard, un cri silencieux
Témoin d’un monde qu’ils ont quitté.
Ils avancent, pupilles dilatées,
Leurs yeux reflètent l’océan agité,
Des larmes salées, un monde brisé,
Mais un rêve qu’ils veulent sauver.
Dans leur regard perdu,
Brille un courage immense.
Le regard fixé vers le ciel,
Vers une nouvelle chance.
Une lueur brille encore,
Un rêve qu’on ne voit pas.
Malgré le froid, malgré l’effroi
Leur regard ne s’éteindra pas
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Cette lueur au fond de leurs yeux,
Le reflet de leur rêve à deux.
Ils quittent leurs terres aux saveurs d’enfance,
Tout en se sachant condamnés à l’errance.
Séparés en chemin par la maladie,
Le coeur chargé de rêves et d’espoir
C’est avec l’écho de la vie
Qu’il avance seul dans la nuit noire.
Sous le ciel étoilé dans un bus surchargé,
Il brave l’inconnu, fait tomber les barrières,
Espérant qu’un avenir l’éclaire.
Sous l’étoile son chemin est sacré.
Dans son regard cette lueur persiste,
A la fin du voyage, un futur existe.
Les frontières se dressent, murs de doutes et de
peurs,
Mais la foi en ce rêve défie tous les malheurs.


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